Le plan White est le prolongement du système de l'étalon de change-or qui a été en application durant l'entre deux guerres, à partir de 1922.
La monnaie internationale doit être suffisamment abondante pour financer le commerce international et éviter qu'une pénurie ne vienne freiner ces échanges entre les pays. Elle doit aussi inspirer la confiance de l'ensemble des intervenants sur les marchés mondiaux. Etant donné que les Etats-Unis possèdent 70% des réserves d'or de la planète, ce qui représente 50% du PIB mondial, le dollar Américain sera adopté comme monnaie internationale. Par ailleurs, en plus de détenir cette réserve d'or impréssionante, sa valeur repose sur l'économie de loin la plus productive et la plus compétitive sur les différents marchés mondiaux, ce qui aide indéniablement à avoir confiance en les Américains. Le rattachement à l'or sur la base de 35 dollars laisse supposer qu'il n'y aura pas de dérapage de la part des Etats-Unis, et qu'ils chercheront à maintenir la valeur exacte de leur monnaie. Seulement ce nouveau système n'est pas neutre:
- il est asymétrique: possédant la monnaie de référence, les Etats-Unis n'ont aucun taux de change à respecter, contrairement à tous les autres pays (quand par exemple sur le marché des changes, le franc s'éloigne de sa parité par rapport au dollars, la banque de France doit intervenir, ce qui est exclus du côté Américain avec la "fed", car il n'y a pas de parité du dollar par rapport au dollar).
- Cette asymétrie favorise ainsi le financement à crédit des Etats-Unis.
Voila principalement pourquoi ce plan enrichie les américains.
En effet le plan White propose d'une part de créer un fond de stabilisation, organisme international chargé d'accorder des prêts aux pays déficitaires et de surveiller les dévaluations qui seraient rendues nécessaires, et d'autre part, de conserver le "Gold Exchange Standard". Les monnaies nationales sont gagées sur l'or et les devises convertibles ainsi que les banques centrales doivent défendre la parité fixe de leur monnaie. Donc le dollar obtient une place prépondérante comme monnaie de réserve internationale (as good as gold).
Le système adopté est composé donc d'un fond de stabilisation (ce qui fait sa différence avec le système d'avant guerre): le fond monétaire international, agence d'observation et lieu de prises de décisions, et d'une institution de soutient dans le secteur du développement économique: BIRD (ancêtre de la Banque Centrale). Il est aussi fondé sur la fixité des taux de change, la convertibilité-or du dollar (assurée par la "Federal Reserve Bank" Américaine pour les banques centrales qui voudrainent échanger leur dollars US contre des lingots d'or), la mise en place de réserves d'or (comme le "Fort Knox") et devises auprès du FMI, la possibilité de tirer sur ces réserves et d'emprunter des monnaies pour défendre la fixité du taux de change et, si nécessaire la possibilité de le modifier.
Le système est donc à la fois rigide et instable, les possibilités d'emprunts étant limitées et confuses, notamment quant aux conditions de dévaluation. Toutefois, durant ses quinzes premères années de vie, le système a relativement bien marché car les Etats-Unis étaient exportateurs, ce qui entrainait une pénurie de dollars dans le monde. En effet dès le début, ce système monétaire portait en lui ses germes de destructions, d'ailleurs l'économiste Belge Robert Triffin a pointé un paradoxe auquel il a laisser son nom: "le dilemme de Triffin", système qui rend nécessaire le déficit de la balance des paiements des Etats-Unis pour alimenter le monde au moyens de paiements internationaux.
Or une telle situation contribuera à un affaiblissement progressif de la confiance des agents économiques étrangers envers la monnaie de référence. Ainsi les besoins importants de l'économie mondiale en une devise fiable aboutissent paradoxalement à la perte de confiance envers cette monnaie. Malgré tout, ce système monétaire international résistera jusqu'en 1973 et contribura également à l'enrichissement du pays.